1er Chapitre
BANANEC joli cotre de bois au gréement houari (ou faux-houari) sur plan Herbulot – architecte des 60’s qui dessina celui-ci et ses frères sur commandes de l’association des Glénans – a été construit au chantier Cariou en Bretagne dans les mêmes années. Mais avant de vous en conter l’histoire dans un prochain billet jusqu’à son arrivée au port d’Anglet un peu loin au sud de son ile éponyme, remontons sur quelques lignes celle avec un grand « H ».
On prête souvent à Saint Malo le nom de Cité Corsaire. Mais Bayonne fût au XVIIIème aussi une très grande cité de la Course et un grand port marchant et militaire. L’un des rares d’ailleurs peint non pas d’un mais de 2 tableaux par Joseph Vernet sur la très fameuse commande de 24 passée par Louis XV voulant redonner du superbe à ses ports maritimes. Car en ce temps-là, la France perd alors la « première » des trois (et non deux) guerres mondiales: la guerre de Sept Ans. Une histoire pourtant majeure trop souvent ignorée des livres scolaires dont un des effets de rebond verra quelques jeunes nobles en mal de gloire et de vengeance faire tourner les armureries de Bilbao et partir du port de Pasaia pour armer les insurgents Virginiens de George Washington contre les Anglais… puis d’emporter l’accord du nouveau Louis XVI pour envoyer tout ce qui comptait alors de grands marins, de milliers d’hommes et de centaines de vaisseaux en Amérique, toute l’Armada Française et ses D’Estaing, Rochambeau, La Pérouse, Bougainville, La Touche, Suffren, Kerguelen, De Grace, Joinville ou encore de Cadillac à l’histoire romanesque et fondateur de la ville de Detroit, et bien d’autres… aux ordres du Roi unis sous son pavillon Blanc et tous suivant l’élan donné par ce jeune noble rouquin de 19ans du massif central, le richissime Gilbert de La Fayette. Quel siècle ! Qui en son début voit mourir Louis XIV et à sa fin voit naitre notre République et un Empire, et, durant la moitié de ce siècle nos savants éclairer de leurs Lumières le monde d’alors.
C’est dans ces temps révolutionnaires des deux côtés de l’Atlantique que Bayonne et son port vont avoir une grande activité jusqu’au fameux dernier grand fait maritime le BLOCUS de 1814 de Bayonne par Napoléon et son passage qui précéda en 1808. Il faut avouer que depuis les travaux de l’ingénieur Louis de Foix réalisés 200ans plus tôt la venue de l’empereur, ce port est très bien placé assez loin de la menace Anglaise et proche de l’Espagne. De Foix avait donc eu la mission de ramener l’estuaire de l’Adour à Bayonne. Celui-ci originellement à Cap Breton s’était en effet déplacé de 28km au nord lors d’une inondation catastrophique. Après une fonte des neiges d’un hiver sans doute exceptionnel, l’Adour avait vu son lit de sable et les alluvions charriés par la crue, fermer brutalement cette embouchure sur le Gouf. Et par le jeu des petits lacs justes derrières la grande dune du littoral et de l’inondation massive, finalement sortir sur l’océan plus au nord à Port d’Albret (et faire la fortune un temps de ses habitants par les taxes réclamées aux riches marchands de Bayonne). C’est à la fin des travaux de De Foix qu’une nouvelle crue a permis deux choses, aider De Foix à pousser le bouchon de sable au large de l’embouchure à Bayonne, et en se posant sur le fond, à créer une barre, un haut fond, que logiquement l’on nomma à l’époque « LA BARRE » car elle levait les vagues. Nom que nous prêtons tous aujourd’hui à la mole qui borde sa rive nord. Il y eu après De Foix les redoutes et fortifications de Vauban qui fit de Bayonne un port-forteresse d’une grande importance dans la défense du Royaume en particulier contre les Espagnoles en ce temps-là.
Reproduction des 2 Tableaux de J. Vernet sur le Port de Bayonne
Source : Photo (C) RMN-Grand Palais / image RMN-GP Paris, musée de la Marine http://www.musee-marine.fr/musee-national-de-la-marine-paris


Vous remarquerez qu’en 1761 date de ces tableaux, le pont St Esprit possède un pont levis en son milieu.
On voit au premier plan à droite un navire sur le flanc à marée basse et des hommes sur une pigouillère au travail du calfatage. La pigouillère est une barque portant une grosse marmite sur un feux de bois entretenu à bord (dangereux) pour fournir du brai chaud -goudron naturel- aux calfats, ces ouvriers-marins en charge du calfatage entre les virures de la carène.
À cette époque l’on trouve divers embarcations sur l’Adour construites ici que nous rappelle le grand historien du 19ème Ducéré dans ses ouvrages (tous en ligne gratuitement sur Gallica) comme son Histoire de la Marine de Bayonne, ou celle du Blocus et encore des Corsaires. Nous en parlerons dans un prochain article.
Pour conclure ce premier volet historique, allons-nous promener du côté du chantier où BANANEC est actuellement au port du Brise Lame à Anglet sur la rive sud de l’embouchure de l’Adour. Et faisons là encore un pas en arrière mais de circonstance.
Au XVIIIème la France met en place sur ces grands ports des moyens pour prévenir d’éventuelles pandémies. On peut en lire l’histoire dans l’ouvrage de Françoise Hildesheimer «La protection sanitaire des côtes françaises au XVIIIe siècle ». Bayonne n’y échappera pas. Et un LAZARET y a donc été construit, même s’il n’en reste pas de trace visible aujourd’hui (les abattoirs sur la berge et d’autres bâtiments portuaires l’ont remplacé). Un LAZARET était un établissement de mise en quarantaine des passagers, équipages et marchandises en provenance de ports où sévissait la peste ou autres maladies contagieuses. Celui de Bayonne prenait un espace assez vaste que rappelle la société du patrimoine d’Anglet :

Bon vent et à bientôt dans le coin des historiens de BANANEC !